Tous les penseurs, sans chercher
Qui finit ou qui commence,
Sculptent le même rocher :
Ce rocher, c'est l'art immense.
Poème à M. Froment Meurice, Les Contemplations, Victor Hugo (1802-1885)
Æmilia Barcelona, une marque de couture franco-espagnole
Je suis arrivée en Espagne, à l’été 2019, dans la charmante cité catalane de Castelldefels : un environnement privilégié au sud de Barcelone, entre la mer Méditerranée et le parc naturel du Garraf.
Un départ à l’étranger qui m'a contraint à fermer mon premier atelier de couture, implanté dans le Poitou. Matériaux 100 % français et écologiques, clientèle 100 % locale, impossible d’expatrier une telle entreprise sans lui arracher son âme.
Il m'aura fallu attendre cinq ans avant de réfléchir à la reconstruction d'un nouvel atelier, ici, dans la région de Barcelone.
Æmilia Barcelona, ma nouvelle marque de création textile artisanale, m’a inspiré quelque chose de plus léger, de plus personnel aussi. Avec elle, je me laisse simplement porter par le plaisir d'exprimer pleinement ma créativité et mon art de vivre.
Et si semer ces petits fragments de beauté, de couleurs, de lumière dans votre quotidien participe à vous rendre plus heureux, alors je croque avec délice cette cerise sur le gâteau.
Je m’appelle Émilie, le joli vous appartient
Combien d’Émilie, nées comme moi dans les années 1980, ont adopté comme second prénom l’adjectif gracieux de la célèbre chanson de Philippe Chatel ? Émilie Jolie...
Je ne peux pas dire qu’il soit désagréable d’être qualifiée de “jolie”, simplement parce que cette chansonnette l’affirme. C’est même un sacré avantage : pourquoi chercher à contredire une légende ? Comme d’autres Émilie, j’accueille depuis toujours cette ritournelle comme un gentil compliment. Même (et surtout) quand il n'en était pas un.
Fusse le terreau de mon amour pour la beauté ? Peut-être, après tout. Merci Philippe ! Quoi qu'il en soit cet amour fut l’objet de nombreuses prédictions dans mon enfance. Et c’est aussi ce qui m’a conduit plus tard vers le monde de la communication et du marketing : cette volonté de vouloir rendre beau à peu près tout, même ce qui ne l’était pas.
Il paraît évident que la mafia du mensonge organisé n’était pas l’endroit approprié pour défendre et partager mes valeurs humanistes, tels que la liberté, la dignité humaine, l’honnêteté, la tolérance, l’esprit critique, la fraternité ou encore le respect du vivant.
Mais il m’a fallu du temps pour intérioriser cela, l'expérimenter encore et encore, jusqu’à pleinement accepter que ma place n’était pas là, qu’au travers de l’art et de l’artisanat, j’avais beaucoup mieux à offrir.
La nature, source d'inspiration infinie
Amoureuse du vivant, je suis souvent dans la nature. Au cœur du parc naturel du Garraf, je respire. Je contemple ma chienne courir en toute liberté, j'observe les rouges-gorges, les rouges-queues, les huppes fasciées, les pies, les bergeronnettes grises, les perruches parfois, j'écoute leurs chants, participe à leurs conversations, prends des nouvelles de mon ami caroubier, froisse et hume les brins de thym, de romarin, de lavande et ces instants me comblent de bonheur.
La nature, où qu’elle soit, est une source d’inspiration inépuisable pour de nombreux créateurs. Et pour cause, elle est tout à la fois : notre muse et notre oxygène à tous.
À ce propos, j’ai observé à titre personnel que voir déambuler un écureuil ne me nourrissait pas autant que de ramasser des chaussettes sales. Et j’ai une théorie tout à fait personnelle à ce sujet.
Comme bon nombre d’entre vous, je cours après le temps, et mis à part durant mes instants créatifs et mes séances de yoga, j’ai toutes les difficultés du monde à inviter la pleine conscience dans un quotidien rythmé par le travail, le ménage, les sorties de classe, la cuisine, les devoirs, les animaux, les jeux, les courses, l'administratif, les disputes…
Et puis dans le feu de l’action, mon regard vient se poser sur un bel objet qui traîne : un joli étui à lunettes en liège que j'ai cousu il y a longtemps, ou encore une tasse en porcelaine absolument divine que mes parents m'ont récemment léguée.
En une seconde tout au plus, la beauté me réveille : je suis spontanément reconnectée à l’instant présent. Pleinement là. C’est le pouvoir de la contemplation, le pouvoir de l’art. Et quel pouvoir !
Ces belles choses que j’aime créer de mes mains, dans lesquelles je dépose une intention bienveillante et sincère, avec lesquelles j'exprime mon point de vue sur le monde, je les imagine vous faire sourire, vous faire appuyer sur pause, vous faire du bien. Et même s'il n'est pas attendu de l'art qu'il soit utile, cette idée m'enchante.
Des créations artisanales
aux grands pouvoirs
Vous arrive-t-il, vous aussi, de douter d’avoir bien arrosé les plantes ou verrouillé la porte avant de partir ? Ces petits gestes du quotidien, nous les faisons si machinalement qu’il nous est difficile de leur attribuer, à tous et sans faute, l’espace temps qui leur correspond : était-ce ce matin ? Hier ?
Si nous avons appris à optimiser parfaitement notre temps en accomplissant nos tâches dans une mécanique ultra-huilée, nous pouvons tout de même observer une ombre au tableau : nous ne sommes pas vraiment là, à ce que nous faisons. Nous pensons à tout, sauf à l’ici et maintenant.
Mais est-ce vraiment important d’inviter la pleine conscience quand nous prélevons un amas de cheveux immonde au fond de l’évier de la salle de bain ?
En vérité, oui. C’est même crucial, car la reconnexion à l’instant présent est essentielle pour notre santé mentale. Elle diminue notre stress, nous apaise et détient un autre pouvoir : celui de raviver notre joie originelle.